« Je viens d’accoucher. Mon bébé est là. Et pourtant, quand je le regarde, je n’éprouve aucun sentiment d’amour ou de joie. Le vide … Suis-je pour autant une mauvaise mère ? »
Auteur inconnu

Une maman tenant son bébé tendrement, les yeux rivés dans ceux de son enfant le regardant amoureusement… voilà le tableau auquel on s’attend habituellement lorsqu’on pense à la relation mère-enfant. Or, il arrive que la jeune maman n’éprouve pas ce genre de sentiment ou encore présente un comportement qui ne correspond pas aux normes établies dans notre société. Quels sont ces comportements ? Comment se manifestent-ils ? En voici quelques-uns.

Ne pas aimer son bébé tout de suite

L’arrivée d’un bébé dans la famille est souvent signe de joie et de bonheur. On attend avec impatience cet instant où on rencontrera notre bébé, où on découvrira ses traits, où nos yeux plongeront dans les siens. Cet instant magique …

Pourtant, une jeune maman peut ne pas ressentir d’émotion ou d’amour au premier regard de leur bébé. Il n’y a pas de coup de foudre ! Elle voit ce bébé comme un élément perturbateur, un bébé qu’elle doit apprendre à connaître, alors qu’elle éprouve de l’indifférence, de la peur voire de l’angoisse en présence de ce petit être. L’alchimie n’est pas là.

La maman, qui attendait depuis si longtemps cet instant, n’a pas l’ombre d’une étincelle dans le regard. Le lien d’attachement devra alors être créé au fur et à mesure, un processus qui prendra alors plus de temps. Chacun devra apprendre à s’apprivoiser. Ce sentiment étrange peut survenir à n’importe quelle grossesse, que ce soit pour un premier, deuxième ou troisième enfant. Car chaque naissance est différente.

En vouloir à son bébé

Au début, la maman peut également ressentir une frustration et rendre son bébé responsable. Elle va alors en vouloir à son bébé de la situation actuelle. C’est un processus normal, surtout si la maman a eu un accouchement difficile, si elle est fatiguée des premières semaines avec bébé. La maman se retrouve dans une configuration qu’elle n’imaginait pas : peu ou plus le même temps pour elle, un temps considérable à allaiter ou à prodiguer des soins à bébé, une certaine liberté restreinte…

Si ce ressenti se prolonge dans le temps, il est fort probable que le bébé devienne le persécuteur aux yeux de la maman. Le comportement de la maman risque alors d’avoir des gestes plus brusques avec bébé (et parfois même sans se rendre compte !). C’est à ce stade où la maman doit se faire aider.

Afin d’aider la maman, il faut prévoir des ressources (famille, amis, professionnels spécialisés). L’idéal serait de prévoir ces aides avant la naissance de bébé. En tant que doula, j’aborde le plan postnatal directement après le projet de naissance avec les futurs parents que j’accompagne. Il est essentiel qu’ils disposent de toutes les ressources nécessaires dès l’arrivée de bébé. Cela permet de mettre en place une organisation optimale pour le retour à la maison et d’éviter que la maman ne se sente désemparée et seule avec bébé après que le co-parent soit retourné au travail.

Avoir peur de faire du mal à son bébé

Certaines mamans peuvent avoir une peur permanente de faire du mal à leur enfant. C’est ce qu’on appelle les phobies d’impulsion. Il ne s’agit pas vraiment de phobies mais plutôt de TOC (troubles obsessionnelles compulsifs).

Dans ce cas, la maman est envahie par la peur de commettre un acte grave et irréversible, soit par inadvertance soit sous l’emprise d’une pulsion. Elle peut même développer cette phobie à un point d’être gênée dans les soins ou l’éducation de son enfant. Elle est alors en grande souffrance.

La maman qui vit ces phobies est souvent honteuse d’avoir pensé une telle chose. Elle n’ose pas en parler et retarde alors à la fois le diagnostic et le traitement.

Notre société actuelle nous dépeint une vision de la maman parfaite : toujours souriante, toujours au taquet, gérant 1000 choses à la fois sans sourciller … À croire que c’est ainsi que la maman doit être à chaque instant, quoiqu’il arrive, sans râler. Parce qu’au final, elle a choisi d’être mère, non ? Et si la maman avait besoin de plus de soutien ? Et si elle avait tout simplement besoin qu’on s’occupe d’elle autant qu’elle s’occupe de ses enfants ? Petit à petit, ne devrions-nous pas changer notre perception du « devenir mère » ? Comme le dit le proverbe, il faut un village pour élever un enfant. Alors, arrêtons de mettre la pression sur les mamans et redonnons-lui sa place de prestige. Mettons chaque maman sur un piédestal car chacune d’elles mérite d’être honorée, tout simplement parce qu’elles ont pris le chemin de la maternité.